« Les forestiers : une espèce à protéger ? »

En mai dernier, à Mourioux-Vieilleville, des membres de l’association Canopée, rejoints par une dizaine de militants, ont pénétré sur un chantier de coupe situé sur une propriété forestière privée, pendant qu’un conducteur de machine était en train d’y travailler. Une action à la fois risquée pour les militants et les forestiers, qui se répète malheureusement de plus en plus souvent. Cette fois-ci, l’association a invoqué la présence d’une espèce protégée de chauve-souris, potentiellement identifiée sur le site, pour justifier son intervention.

Des méthodes violentes, qui attisent la haine

Au-delà de ce cas, qui n’est pas isolé, la méthode inquiète. Sous couvert de défendre la forêt, certains militants choisissent la confrontation : intrusions sur des parcelles privées, blocages de chantiers, intimidations envers les professionnels sur place, tournage de vidéos « sensationnelles » pour les réseaux sociaux. Or, ceux qu’ils prennent pour cible sont bien souvent des ouvriers, des entreprises locales, des coopératives et des sylviculteurs, qui gèrent de manière raisonnée des forêts, qu’ils connaissent depuis des générations.

Une coupe des plus courantes et banales en Creuse

Rappelons que la forêt creusoise, façonnée depuis toujours par l’activité humaine, est en constante progression. La coupe évoquée ici, bien que présentée comme problématique, ne revêt rien d’exceptionnel. Il s’agit d’une coupe habituelle, répartie en plusieurs îlots, appartenant à 3 propriétaires privés, et qui se compose de :
– 4.37 ha de taillis de châtaignier, qui se renouvellera en régénération naturelle,
– 2.24 ha d’accrus et de taillis en mélange, qui se renouvelleront en régénération naturelle,
– 0.70 ha d’Epicéa de Sitka et de Douglas, une plantation arrivée à maturité, et qui sera reboisée.
Les forestiers agissent en responsabilité, leur approche sylvicole repose sur une vision à l’échelle du massif, où différents modes de gestions sylvicoles complémentaires se côtoient, y compris les coupes rases, intégrées dans une planification locale.

Une coupe qui soutient l’économie rurale et la souveraineté des bois

En Creuse, comme dans le reste de la France, l’autonomie en matériau bois constitue un enjeu stratégique majeur pour réduire la dépendance aux importations. Cette coupe y répond concrètement : les bois récoltés soutiennent l’économie régionale et participent à satisfaire les besoins en bois des Creusois, avec une valorisation à 100 % sur le territoire.
> 54 % de bois d’oeuvre pour :
La production de piquets, à hauteur de 18 %
La production de sciages résineux, à hauteur de 34 %
La production de sciages feuillus, à hauteur de 2 %.
> 46 % de bois d’industrie à destination d’une papèterie locale. 

Une coupe dans les règles et validée par les services de l’État

Justifiée, validée et strictement encadrée, cette coupe concerne principalement deux propriétés, qui disposent chacune d’un document de gestion durable. De plus, les propriétaires et la coopérative ont choisi de compléter la démarche par des certifications FSC® et PEFC, qui garantissent que les produits bois proviennent de forêts bien gérées, offrant des bénéfices sociaux, économiques et environnementaux. C’est plus particulièrement dans ce cadre que plus de 70 arbres habitats ont été identifiés et seront conservés. Ces arbres ne sont d’ailleurs pas spécifiquement destinés aux chauves-souris, mais visent à préserver l’ensemble de la biodiversité présente.
Pour finir, l’Office Français de la Biodiversité, qui a été interpellé sur cette coupe, a confirmé que tout était en ordre.

Et si le sujet de la chauve-souris n’était finalement qu’un prétexte ?

Cette coupe, pourtant classique, parfaitement conforme à la réglementation, revêt une portée symbolique :
« Si l’on commence à contester ce type d’intervention, c’est l’ensemble des coupes en Creuse – voire au-delà – qui peuvent être remises en question ».

Il est urgent de rappeler que derrière chaque chantier, il y a des hommes et des femmes – sylviculteurs, entrepreneurs de travaux forestiers, ouvriers, techniciens – qui œuvrent avec rigueur, passion et respect du vivant.
Face aux discours caricaturaux et aux actions de blocage, nous appelons à une prise de conscience collective. Il en va de la survie d’une filière essentielle, d’une gestion durable de nos ressources, et de la souveraineté de notre pays. Protéger la forêt, c’est aussi protéger ceux qui la cultivent, la connaissent et la gèrent sur le long terme : les forestiers.