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Christian COIPEL-MARSAN Propriétaire forestier en Limousin Adhérent d’Alliance Forêts Bois

Tout adhérent d’une coopérative forestière, à un moment ou à un autre, s’est posé la question du bien fondé de son choix. Le fait déclenchant majeur n’a pas été le même pour chacun d’entre nous. Pour les uns, ce fut le manque, réel ou ressenti, de connaissances en sylviculture. Pour d’autres, ce fut l’éloignement géographique entre la résidence principale et la localisation de la forêt, ou bien encore le besoin de dialoguer avec de véritables professionnels, ou la recherche de l’assurance d’un travail bien fait, dans les règles de l’art, au juste coût. Pour certains enfin, ce fut tout simplement le manque de temps à consacrer à la gestion de cette forêt. Mais parmi les mobiles plus ou moins clairement identifiés, il en est un qui, à ma connaissance, est peu ou même pas du tout cité : je veux parler de la grande facilitation qu’apporte l’adhésion à une coopérative forestière au moment de la transmission transgénérationnelle.

« En effet, pendant souvent toute une vie,nous avons façonné, nous avons« aimé » notre forêts »

Nous nous sommes positionnés bien au-delà de l’aspect pure- ment économique, nous avons été nombreux à déborder dans le domaine de I’affectif. Alors,  lorsque l’on pressent que le moment de « passer le flambeau » va bientôt arriver, on peut être envahi par un sentiment d’immense tristesse, en pensant que toute cette oeuvre que l’on laisse, comme une marque derrière nous, un témoignage, risque de disparaître.

 

C’est le sentiment que j’ai personnellement éprouvé, mais je pense aujourd’hui m’en être presque totalement affranchi. Voici pourquoi :
J’ai trois enfants, trois filles, et j’ai la chance, mais aussi un peu le mérite (en particulier en prenant bien soin de ne jamais atteindre l’« overdose » de forêt), qu’elles aiment cette forêt qu’elles ont côtoyée pendant leur enfance et leur adolescence, lors de vacances scolaires. Elles l’ont vu grandir en âge et en surface, année après année. Cette forêt fait en quelque sorte partie de la famille ! II se trouve que parmi mes trois filles, l’une d’entre elles a dépassé le stade affectif, pour s’intéresser aux aspects techniques et de gestion.

« C’est alors que j’ai pu utiliser pleinement ce que l’on peut appeler «l’effet coop « 

En l’associant depuis plusieurs années aux décisions prises en étroite symbiose avec les techniciens de la coopérative, ma fille a pu s’initier à la sylviculture, tout en appréciant le travail fourni par les techniciens de l’Agence du Limousin. Certains sont même devenus des amis. Je sais maintenant que notre forêt, le moment venu, ne s’apercevra pas du changement. L’esprit sera conservé et mon œuvre pourra se transmettre pour une nouvelle aventure.

« En ce qui me concerne, je n’essaye pas de chiffrer cet avantage, car pour moi, il n’a pas de prix ! »